30 novembre 2014

Commencer par soi, mais non finir par soi

Je lis régulièrement le blog d'une amie, Natacha Rozentalis, car j'y explore les correspondances avec mes propres réflexions sur notre manière d'être spectateurs ou acteurs des grandes mutations de notre monde.

Pour compléter les deux précédents billets autour de "la personne véritable", notre "moi profond", je reprends la citation de Martin Buber pour y intégrer l'importance du lien (entre les hommes et la nature) comme l'essence de notre moi :

« le principe de la pensée, le principe de la parole et le principe de l’action. Tout conflit entre moi-même et mes semblables vient de ce que je ne dis pas ce que je pense et je ne fais pas ce que je dis. Par notre contradiction, par notre mensonge nous alimentons et aggravons les situations conflictuelles et nous leur donnons le pouvoir sur nous jusqu’à ce qu’elles nous réduisent à l’esclavage. Pour en sortir, une seule issue : comprendre le revirement : tout dépend de moi, et vouloir le revirement : je veux me rajuster. (…) Mais pour être à la hauteur de cette grande tâche, l’homme doit d’abord par-delà tout le fatras de choses sans valeur qui encombre sa vie, rejoindre son soi, il doit se trouver lui-même, non pas le moi manifeste de l’individu égocentrique, mais le soi profond de la personne vivant avec le monde. Et là encore toute notre habitude fait obstacle ».

Penser par soi-même, oser dire ses pensées, s'approprier la communication, agir dans la pleine conscience voilà un beau parcours alors même que nous sommes entourés de messages, d'informations et possibilités d'être en contact grâce aux nouvelles technologies.

Assumer qui nous sommes et comment nous apparaissons alors même que le savoir-être est devenu un objet marchand dans notre vie personnelle et professionnelle. Peut-on encore croire que je peux "singer" l'autre dans ses comportements et dans ce qu'il est pour réussir à mon tour ma vie sociale et professionnelle? Puis-je faire l'économie de ma propre expérimentation ?



"L'homme doit d'abord par delà tout le fatras de choses sans valeur ..."
Et pour reprendre une image de Claude Steiner , il est possible, pour chacun de nous, de découvrir que nous n'avons pas besoin de masque à oxygène pour pouvoir respirer et que la satisfaction de nos besoins véritables est gratuite et source de notre Energie Vitale.


L'ABC des émotions
Ouvrir le cœur
 Nous commençons par ce volet car le cœur est le siège des émotions. Nous ouvrons notre cœur et renforçons notre lien avec autrui en donnant et en recevant des signes de reconnaissance.

Nous avons tous besoin de signes de reconnaissance positifs, qui peuvent être physiques (embrassades, baisers..), verbaux (compliments sur notre apparence, notre intelligence, notre gentillesse, notre intégrité, notre goût…) et des actes de reconnaissance (prêter attention, aider, montrer de l’empathie ou de l’affection…).

L’économie des Signes de Reconnaissance est un ensemble de règles qui nous empêche de donner et de demander des signes de reconnaissance, d’accepter ceux dont nous voulons et de rejeter ceux dont nous ne voulons pas.

Elle nous empêche aussi de nous en donner à nous même. Le résultat ? Nous nous retrouvons en manque de signes de reconnaissance et sommes prêts à prendre tous ceux qui se présentent.

 Se libérer des règles de l’Economie des Signes de Reconnaissance, c’est nous donner la possibilité de montrer notre affection les uns envers les autres et de satisfaire notre besoin de signes de reconnaissance.

Pour cela, une seul moyen : Désobéir au Parent Critique intérieur qui nous force à obéir aux règles de l’Economie des Signes de Reconnaissance et qui interfère avec chaque tentative de progresser en alphabétisation émotionnelle.  


Eric Berne parlait des "ruses de la Nature" pour assurer la survie des espèces par le métissage et la variation.
Dans notre monde en mutation, la métamorphose de chacun est nécessaire en une individualité particulière qui sait vivre avec ses semblables et laisse de côté "l'individualisme" et "l'uniformité". A l'inverse, que de sueur, de destruction des conditions de notre propre survie.

Prenons une situation : la ruée vers l'or.
Exploitant notre faiblesse de croire encore à l'Eldorado, nous sommes prêts à payer pour apprendre à aller chercher les pépites dorées si prometteuses (mais si rares) de notre bonheur et réussite enfin. Pendant ce temps, les vendeurs de rêves prennent nos pépites et, en plus, nous vendent leur eau quand, assoiffés, nous redescendons de la montagne.


Plus ou moins consciemment nous savons qu'il n'y a plus de pépites mais voudrions devenir les êtres exceptionnels que sont les vendeurs de rêves, si performants, compétents et exceptionnels. Or, tout comme dans la Nature, pour assurer la diversité, nos efforts seraient bien plus efficaces si, au lieu de nous laisser distraire par la compétition et le rêve, nous les éloignions en les faisant escalader la montagne car pendant ce temps, alors,  nous pourrions nous accomplir à notre rythme et à notre niveau.

Qu'est ce qui nous empêche d'être notre propre pourvoyeur  de joie, d'amour, d'action ?
" Il est une chose que l’on ne peut trouver qu'en un seul lieu au monde. C’est un grand trésor, on peut le nommer l’accomplissement de l’existence. Et le lieu où se trouve ce trésor est le lieu où l’on se trouve." Martin Buber